Quel est ton parcours?
Je viens d’Ibiza, mais je suis basée à Barcelone depuis 2012. Je suis venue ici pour étudier le graphisme et les arts visuels. Ça fait 3-4 ans que j’expérimente avec différents types d’impression manuelle comme la photolithographie et la sérigraphie.
Qu’est ce qui t’a poussé à créer Badass Prints?
Avant ce projet, j’imprimais des posters, des t-shirts et des culottes pour mes amis et moi. Ils ont été bien reçus et on m’a demandé de les mettre en vente, mais j’avais pris l’habitude de les distribuer gratuitement car je ne voulais pas les garder et ne pensais pas qu’ils étaient assez « pros » pour être vendus. J’avais beaucoup de temps libre et zéro de motivation, alors j’ai décidé de me consacrer à un projet qui pourrait exprimer ma vision des concepts de sexe et de genre. Mon amie et colocataire Rebecca Luna, qui est styliste, m’aide sur le projet.
Tu as ton propre matériel d’impression? Tout est fait depuis ton studio?
En ce moment j’utilise l’atelier rattaché à ma fac, l’université de design et d’art de Barcelone (EINA). J’aime bien parce que je peux y travailler avec beaucoup de gens créatifs, c’est cool de voir ce que font les gens et quels sont leurs intérêts. Je vais passer l’été à Ibiza, et je créerai mon propre studio là bas chez moi. La sérigraphie est plutôt manuelle et très « do it yourself », alors pas besoin de machines professionnelles.
Tu te décris comme une « féministe pro-sexe. » Qu’est ce que tu veux dire par là?
Comme tu dois le savoir, il y a beaucoup de féminismes différents et de discussions autour de chaque type. De mon point de vue, les femmes doivent prendre contrôle de leur sexualité et se sentir à l’aise de faire ce qu’elles veulent de leur corps. Il n’y a rien de mal à être un peu « facile » ou coucher dès le premier soir. Je suis tombée sur le travail de référents espagnols comme Paul B. Preciado, Maria Llopis, Diana J.Torres, le mouvement Postporn, et plein de gens qui travaillent et questionnent la sexualité et le genre. Je trouve qu’il y a un vrai intérêt à travailler sur ces concepts en ce moment.
On dirait que la scène créative espagnole connaît un moment de gloire, avec la « starification » de personnes comme la créatrice Paloma Wool, l’influenceuse Maggie on the rocks et la photographe Carlota Guerrero. As-tu l’impression que quelque chose est en train de changer?
Je pense que l’Espagne est un pays très créatif, rempli de gens talentueux. C’est juste qu’il est plus facile maintenant d’avoir de la visibilité via Internet et les réseaux sociaux – Instagram est un outil incroyable si vous savez comment l’utiliser. J’habite à Barcelone, et c’est un super endroit pour le design, la photo, le cinéma… Je pense surtout que les choses changent partout grâce à la technologie et aux nouveaux réseaux. Je suis à Rome en ce moment, et je vais shooter pour une marque avec des gens que j’ai rencontrés sur Internet. Je trouve ça énorme.
Qui est la fille Badass Prints?
Badass Prints n’est pas seulement pour les filles. C’est pour tous les gens qui aiment s’amuser, boire, coucher, et ceux qui ne prennent pas la vie trop au sérieux.
Il y a récemment eu beaucoup de discussions, pas toujours positives, sur les t-shirts politiques ou féministes. Quelle est ton approche de la chose?
C’est vrai qu’il y a une vraie mode en ce moment. Des groupes comme Inditex se font de l’argent en vendant des t-shirts dits « féminises », mais ce sont surtout des copies d’autres créateurs ou artistes trouvés sur Internet. Et aussi, à mon avis, les messages qu’ils diffusent sont dénués de sens ou de contenu.
Badass Prints est une marque indépendante, basée sur le processus du « do it yourself ». Chaque t-shirt est imprimé à la main, alors il est forcément unique et différent des autres. On peut dire des choses que d’autres n’osent pas, on s’en fout d’être obscène, dégueu ou explicite. On se sent proches du mouvement Riot Grrrl des années 90. Voilà notre concept.
