Quel est ton parcours?
J’ai un père ébéniste et une grand mère couturière et ils m’ont inculqué depuis toujours l’idée que le travail de ses mains est l’une des plus belles choses sur terre. Ils m’ont permis de me créer ma bulle créative et les possibilités pour la faire grandir et la perfectionner. Après m’être essayée à des productions diverses comme la peinture, le collage, le stylisme pour mes Barbies, la broderie, la photo argentique… je me suis dirigée vers des études d’arts appliqués pour ensuite rentrer à Esmod Paris et me concentrer sur la conception de vêtements. Après divers jobs dans le milieu du prêt-à-porter et du bijou, une certaine frustration artistique est née. J’avais une envie débordante de voler de mes propres ailes, ce qui m’a poussé à la création de ma propre marque : Chabaux.
Pourquoi avoir choisi le bijou?
C’est mon goût pour le détail et l’ornementation qui m’a conduite naturellement vers le le bijou. J’ai toujours pratiqué la broderie, dans mes créations de vêtements elle était omniprésente. J’ai donc voulu me consacrer uniquement à ça et j’ai utilisé la technique de « perlage », qui est un dérivé de la broderie. Ce que j’adore avant tout dans la création de bijoux, c’est ce moment ultra instinctif où je m’entoure de mes perles, strass, pétales et matériaux et que je viens composer tout en minutie, en cherchant la manière technique d’assembler tout ca. C’est un énorme bidouillage technique où la spontanéité s’exprime.
D’où vient le nom de ta marque?
Chabaux est le nom de mon arrière-arrière-grand-père : Ernest Chabaux. Il était grand coloriste et possédait une boutique de peinture sur le Vieux-Port de Marseille où il a créé de nombreuses couleurs et notamment un blanc légèrement bleuté appelé Blanc Chabaux. Pour moi ce nom était une évidence de par mon amour pour la couleur et pour ma famille.
J’adore le fait que tes créations soient à la fois assez 90s, mais aussi vraiment dans le temps. Qu’est ce qui t’inspire, quand tu crées?
Dans mes créations je mélange les styles et surtout je les accumule. De manière toujours décalée, et jamais sans une note d’humour, j’use de différentes références familières et populaires. Je mêle codes classiques décoratifs et inspiration des sub-cultures. Par exemple, pour ma première collection Chabaux, j’ai mélangé les codes esthétique de mes grands mère à l’univers spatial. J’ai aussi travaillé sur d’anciennes collections en mélangeant le dekotora, tuning de camion japonais, avec l’art traditionnel chinois. L’idée est de créer des accidents entre ces différents codes visuels. Pour ce qui est de la dernière collection, je me suis inspirée de mes idoles d’enfance : Lizzie Mcguire, Paris Hilton, Britney Spears… tout en apportant mon obsession florale.
Tes 3 comptes Instagram préférés?
@mirandamakaroff, @andreagiacopuzzi, @badgyldini
A qui s’adresse Chabaux?
C’est drôle car il n’y pas d’archétype Chabaux. Les bijoux s’adressent autant à une jeune japonaise kawaii et poétique, qu’à une femme distinguée galériste d’un certain age. La marque habille une fille aux visages multiples, à la fois femme enfant et femme fatale, faussement rétro, féminine et pimpante. Le monde de Chabaux est gai et fantaisiste, mais avant tout optimiste.
En tant que jeune créatrice parisienne, te sens-tu bien entourée? Que penses-tu de la scène mode actuelle?
Mes amis baignent dans l’univers artistique et mode, c’est tout naturellement que j’ai pu compter sur eux pour mes divers projets. Les photos, les textes, la DA sont fait par et avec mes proches. Chaque collection est une expérience humaine et artistique. Il y a quelques année les créateurs et notre société occidentale prêchaient le concept du « less is more », ensuite il y a eu l’arrivée du normcore et toute cette tendance minimaliste cracra… J’avoue avoir bien pris peur de voir disparaitre à jamais l’ornementation. Mais depuis quelques saisons on voit le le goût de l’ostentatoire revenir pour mon plus grand plaisir, avec des marques ultra créatives tel que Grace Wales Bonner, Y/Project, Anne Sofie Madsen, Matty Bovan et j’en passe. Longue vie au « too-much » !