Décrivez l’univers Bourgine…
Univers sans doute pas, peut-être planète en formation. Je peux dire que j’essaie de créer des pièces chic mais fantasques, colorées. Je m’entiche de matières travaillées et de beaucoup d’imprimés et je définis ensuite des volumes simples. Je brode une petite structure qui a vocation à le rester, toutes les pièces sont fabriquées entre la rue Racine et Pantin, et je connais bien mes clientes que je côtoie depuis deux ans dans mon atelier-boutique. Je m’enorgueillis de séduire des filles dont je convoite les qualités, élégantes mais pas « modeuses », discrètes, lettrées, curieuses. C’est cool.
L’esthétique de la marque sonne comme une célébration de l’esprit parisien – je me trompe?
J’aime ma ville, et surtout ma rive mon quartier ma rue mon chat. Je suis une indélogeable grand-mère du 6ème. Je me réjouis que cela transparaisse mais je ne veux pas en faire un argument de vente au service de ma salade.
Quel est votre parcours? Etes-vous parisienne d’origine?
J’ai appris à compter à l’ESCP, une école de commerce, puis à dessiner au Studio Berçot. L’entre deux mondes s’est opéré chez A.P.C., où je me suis formée à la production et à l’entreprise en général. Je vis à Paris depuis mes 15 ans et suis depuis cet âge plus royaliste que le roi, je ne me verrais ni vivre ni travailler ailleurs.
Qu’est ce que l’allure pour vous?
L’allure pour moi est une affaire de poésie, sur un instant où tout concorde. Le vêtement donne la note de cet instant en prêtant main forte à une démarche, une attitude, une personnalité.
J’adore le côté « intello » de vos mises en scène. Il est important pour vous de faire le lien entre mode et culture?
Avec ma photographe, Catherine Peter, on envisage les photos d’une collection comme un photo-reportage, comme des tranches de vie de l’héroïne de la saison. Il est donc logique de photographier notre révolutionnaire maoïste sur les marches de l’Odéon, de l’immortaliser en plein discours quitte à obtenir une bouche de travers, des yeux plissés et un résultat moins plastique. C’est notre manière de relater l’histoire derrière la collection, et de traduire en vêtements et en images une courant, une époque qui nous a séduites.
Quelles sont vos inspirations? Chaque collection a t-elle une muse?
Les collections partent toujours d’un courant artistique mis en rapport avec une décennie ou une période historique, autour d’un personnage-phare qu’il s’agira de rhabiller. Cet hiver c’était Anne Wiazemsky dans La Chinoise, cet été ce sont les films péplum et le portrait par Hollywood de l’Egypte antique, notamment la Cléopâtre de Mankiewicz. J’essaie chaque saison de créer des panoplies pour un personnage historique ou fictionnel que j’affectionne, donc ici une panoplie pour une Cléopâtre/Liz Taylor infiltrée incognito en 2017.
Vos créations semblent sorties d’une autre époque. Est-ce par nostalgie?
Je ne veux pas faire des vêtements datés, mais j’ai un goût certain pour les couleurs prononcées, les volumes dramatiques, les fantaisies que l’on trouve dans cet « avant » qui ne veut rien dire mais sur lequel on peut enquêter puis imaginer librement.