Cette saison, Paris a accueilli deux nouvelles recrues lors de sa semaine des défilés couture – ou plutôt quatre nouvelles recrues : Laura et Kate Mulleavy, les soeurs californiennes de Rodarte, ainsi que Jack McCollough et Lazaro Hernandez, fondateurs de Proenza Schouler. Les deux marques ont présenté leur collection printemps-été 2018 à Paris devant un public plutôt conquis.
Paris est fleuri
Les silhouettes éthérées de Rodarte, signature de la marque à l’imaginaire onirique, sont apparues au sein d’une impressionnante installation de fleurs de saisons, un jardin à la française composé d’une magnifique sélection de roses anglaises. Le choix d’un lieu en plein air présentait sa part de risque: il a plu continuellement jusqu’au jour du défilé. C’était peut-être le secret de sa végétation si luxuriante? Ajoutant à l’atmosphère poétique de ce jardin d’Eden des temps modernes, les mannequins portaient des branches de gypsophile enroulées autour de leur tête et leurs bras. Chez Proenza Schouler, les fleurs sont plus graphiques: ici pas de jardin, mais une série de silhouettes imprimées de fleurs rouges et noires sur des canevas clair, rappelant les iconiques fleurs Pop Art d’Andy Warhol.
Une célébration de l’architecture parisienne
Le cloître de Port Royal pour Rodarte, le Lycée Jacques Decour pour Proenza Schouler : le premier est une ode délicate à l’ancien hôpital Rive Gauche, l’autre prend place dans la cour d’un lycée à deux pas du Sacré Coeur. Deux ambiances, mais un point commun: les colonnes et cours cachées typiques des bâtiments parisiens du 17ème siècle.
Si les soeurs Rodarte ont confié au New York Times que leur déménagement à Paris était une forme de « réinitialisation » pour la marque (« J’aime faire partie d’une nouvelle situation. Cela vous fait vous sentir moins attaché à votre manière habituelle de faire les choses, ce qui vous rend libre de faire ce que vous avez vraiment envie de faire, » dit Laura Mulleavy), le duo de Proenza a pris son arrivée à Paris au pied de la lettre, travaillant avec des ateliers parisiens pour donner une touche française à leur collection.
Aucune des deux marques n’a été acceptée dans le très select club couture – l’appellation est difficilement délivrée, il faut respecter un certain nombre de critères artisanaux avant de voir sa marque rejoindre le rang des « maisons de haute couture » – mais cela n’a pas empêché les deux collections d’avoir été très bien reçues par les foules françaises. Paris retrouve progressivement son aura mode: la ville réalise enfin, à la lumière du succès de VETEMENTS et Y/Project, que son prestige n’est plus seulement dû au talent 100% local.