Comment vous êtes-vous rencontrées?
On dansait à une fête à Rome il y a 12 ans! Ca a été le coup de foudre, on a toutes les deux compris que la façon dont l’une se comportait et regardait le monde était directement liée à l’autre… A partir de ce jour là on est devenues inséparables. TL-180 représente la connexion artistique qu’il peut y avoir entre deux personnes.
Quelles sont les deux décennies qui vous inspirent le plus, et pourquoi?
On a toujours été nostalgiques des années 60 et 70 en raison de leur spontanéité et leur ingénuité. La mode semblait plus libre, plus folle à ces époques. Jane Birkin, Anna Karina, Francoise Hardy… On remarquait leur personnalité, leur élégance plus que leurs vêtements. On pouvait ressentir leur monde intérieur. Beaucoup de femmes dans la mode de nos jours semblent être que des beaux vêtements mis ensemble sans aucune personnalité ou charme… Elles ressentent sûrement l’angoisse des réseaux sociaux, qu’elles doivent être plus rapides et plus cool que tout le monde. Les gens sont trop conscients de leur pouvoir, et ils en perdent leur spontanéité, le côté magique de tout ça. Notre processus créatif est aussi grandement influencé par les années 90, nos premiers souvenirs d’enfance. On croit cependant à 100% en notre présent. Disons qu’on essaie de regarder le passé avec un oeil pionnier, sans devenir une mauvaise copie de cette époque révolue.
Votre duo mode préféré?
On ne peut pas vraiment dire que ce sont nos préférés, mais quand on parle de duo on pense instantanément à Ray et Charles Eames, ou Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Ces deux duos sont composés de deux personnalités quasi opposées qui deviennent uniques et puissantes une fois ensemble. On adore aussi le duo créatif derrière la marque de chaussures Oz Hunters, fabriquées en Toscane par des artisans locaux: ils ont des collections incroyables!
La fille TL-180 en deux mots?
Enthousiasme twisté.
Votre dernière collection est inspirée par Sailor et Lula, le film de David Lynch sur l’histoire d’amour entre les deux héros éponymes. Quelle est votre scène préférée?
Dans cette collection, on a essayé de représenter le côté ingénu des deux amoureux, utilisant comme référence principale le moment où Sailor dit à Lula: “Je t’ai déjà dit que cette veste est un symbole de mon individualité et de ma croyance en ma liberté personnelle?” Mais une des scènes les plus magiques du film est la scène finale. Comme il est coincé dans les bouchons, Sailor saute sur les capots et les toits des voitures pour rejoindre Lula et leur bébé. Sailor chante “Love Me Tender” à Lula, en ayant dit précédemment qu’il ne chanterait cette chanson qu’à celle qu’il épousera. On adore sa façon naïve et premier degré de communiquer son amour à Lula – ce qui est renforcé par le fait qu’il a le nez détruit de façon très inesthétique!
Deux choses que vous aimez à Paris? à Rome?
On adore la relation de Paris au cinéma, l’offre hyper vaste qui va de l’art et essai à la scène contemporaine internationale. Les cinémas à Paris, c’est comme les delis à New York – on peut toujours trouver un bon film pour se réchauffer le coeur. Ce qu’o aime aussi chez les Parisiens c’est aussi parfois ce pourquoi on les déteste… ils sont tellement cérébraux! Un film pour définir Paris: La maman et la putain, de Jean Eustache. A Rome, on aime la spontanéité et la générosité des Italiens. S’ils étaient un film, ce serait Mamma Roma de Pasolini.